Liqueur de thé ambrée

 

Le thé rouge chinois (Hong cha 红茶) ou le thé Wulong (乌龙茶) séduisent tous les deux avant même de les goûter par la belle couleur ambrée que prend leur liqueur dans la tasse. Il s'agit d'un thé réchauffant pour l'estomac qui se boit dès l'automne jusqu'en hiver avant de laisser la place au thé vert de printemps plus rafraîchissant.

Voici un extrait du roman "Les mots entre tes mains" de Guinevere Glasfurd, comme un bel avant-goût de ces thés merveilleux avant de pouvoir déguster leurs riches notes chocolatées, de miel ou encore de rose :

- J'ai quelque chose à célébrer, je vais donc boire du thé. En as-tu déjà préparé ?

J'ai secoué la tête. Je n'en avais jamais entendu parler.

- Je vais te montrer. Juste une fois.

Il s'est mis à mes côtés pour m'exposer les différentes étapes, dont il fallait respecter l'ordre scrupuleusement. 

Après j'ai compris qu'il s'agissait en fait de verser de l'eau sur des feuilles recroquevillées.

D'abord on devait l'amener à ébullition, attendre que les bulles montent dans la casserole sans faire bouillir trop longtemps, sinon le breuvage serait gâché.

Qu'on puisse gâcher de l'eau était nouveau pour moi.

- Si elle n'est pas assez chaude, le thé n'infuse pas, la boisson est insipide, donc très mauvaise, et doit être jetée. Un tel gaspillage est trop affreux pour qu'on puisse l'envisager.

Infuser ? Insipide ? affreux? Ces mots me plaisaient ils me chatouillaient la main*. 

Il est allé chercher le thé, qu'il conservait à l'intérieur de son bureau dans une petite boite en argent fermée à clé.

Il a versé la moitié d'une cuillère de feuilles sèches dans un pot à forme étrange.

- Pas plus, Helena, sinon je ferai faillite. L'eau, vite.

J'ai versé l'eau dans le pot.

Je me suis penchée au-dessus du récipient : 

en une seconde, sous la vapeur, le thé a pris une teinte ambrée et le parfum de l'herbe après la pluie.

Il a pris sa montre dans sa poche.

- Ensuite il faut minuter.

J'ai observé la montre, le thé - qui a foncé et est devenu de couleur fauve. 

* la servante de Descartes, Helena, sans papier et sans encre, s'apprend les mots en les écrivant dans sa main avec le doigt.